Il pleuvait. Encore. Il pleut toujours en ce moment. Tout le monde court à nouveau, appeuré par cette pluie soudaine. Et pourtant c'est pas comme si c'était le déluge... des petites gouttes qui s'abattent vite sur AnkNor c'est tout. Ces Perles sont désespérants du point de vue d'une autre, montée sur un grand étalon blanc.
Eléa a de nouveau besoin de quitter la ville, partir au grand air afin d'oublier tous ces gens dits "civilisés" qui ont oublié qu'il y a longtemps on voyait venir la pluie en dansant. Ils ont fini par oublier leurs origines, calfeutrés derrière les murs de leurs villas soit disant somptueuses.
Tandis qu'elle marchait vers la forêt, des Perles la regardaient d'un oeil noir. Pensaient-ils que Gris Poil allait lâcher sa marchandise sur eux ? Il était bien plus noble que ces nobles bons à crier et râler. Quelle déception pour les Anciens de voir leurs descendants ainsi vautrés dans leur fauteuil, ne lâchant rien sous aucun prétexte pas même le choix des castes de leurs enfants. Tout n'était que manipulation, et Donna Palhia en avait horreur.
Doucement, elle quittait la ville, se dirigeant vers les quartiers tranquilles puis vers le forêt. Le bruit des sabots du cheval sur les rues pavées l'apaisait et lui faisait oublier la rue assourdissante qui autour d'elle hurlait. Des gouttes s'écrasaient sur sa cape, mais ça ne lui faisait strictement rien. La chaleur qui émanait d'elle les faisaient fondre immédiatement, avant qu'elles n'aient pu pénétrer l'intérieur du "manteau" violet.
Lorsque enfin elle arriva en vue de la forêt, la pluie avait cessé mais l'humidité régnait toujours en maîtresse. Les feuilles vertes dégoulinaient d'eau et, assoiffée, Eléa bu avec avidité le liquide si précieux des feuilles à sa portée. Gris Poil ne disait rien, ne hénissait pas. Il restait calme, ne rechignant pas à marcher dans le sol boueux. Sa robe blanche commençait à noircir au niveau des pattes, mais il n'en avait cure, il ne s'en préoccupait pas, sachant ô combien que son amie et cavalière prendrait soin de lui après.
Soudain, alors qu'ils s'enfonçaient plus profondément dans la végétation, celle-ci n'étant pas assez dense pour empêcher le cheval de passer, une flèche vola dans leur direction.
Si la Mage n'avait pas eu le réflexe de tendre la main à temps pour la réduire en cendre, sans doute serait-elle morte à l'heure qu'il est.
Puis elle le vit. Celui qui avait tiré. Il était tombé dans la boue et était en piteux état. Elle descendit de cheval et le mena jusqu'à l'homme. Eléa ne perdit pas une seconde et attrapa une flèche et son arc.
- Ainsi tu as voulu me tuer ? A ta place, je n'y aurai même pas pensé !
Elle tira sur la ficelle de l'arc, prête à tirer au moindre geste agressive du type.